ALICE BLEYS
Baron
Poème co-écrit avec mon amie Florine dans le cadre de notre projet "itinéraire poétique"
Il y a fort longtemps, deux délicieux gentilshommes s’interrogèrent.
Parmi les barons de nos bourgs, qui rassemble le plus de bravoure ?
Qui serait davantage notable, à n’importe quelle table ?
Qui est le plus fier sur ces vastes terres ?
Pour trouver remède à toutes ces questions, ils organisèrent une noble compétition.
Sans attendre, ils firent courir des invitations parmi les hommes d’exception.
Quelques semaines plus tard, la place bourdonnait de petits aristocrates. Une ruche qui s’activait pour élire sa reine.
Tout d’abord on les aligna, brochette agitée.
Oubliant les bonnes manières inculquées par leurs douces mère, ils étaient prêts à en venir aux mains en un tour de main.
Seulement, comment déterminer qui serait le plus qualifié ?
Dans toute cette cohue, une main s’est levée, une voix grave s’est élevée.
C’etait Blaise le chevelu, qui affirma “Pour revenir triomphateur, il n’est question que d’un labeur : celui du corps.”
Alors, il demanda à ce qu’on lui apporte quatre bœufs musqués, pour les faire tenir sur son nez musclé.
Malheureusement, ce dernier eut les yeux plus gros que le ventre. Pourtant, coutumier au poids de trois bovins, le nez abdiqua sous le pesant du quatrième.
Outré de ce spectacle rythmé de violence, Anatole le chauve dit avec élégance “Pour honorer sa noblesse, quoi de mieux qu’un peu de délicatesse ?”
Ni une ni deux, l’audacieux se précipita dans la foule, et embrassa inconnus et usés avec effusion et passion, caressa main, baisotta coudes et genoux.
Enivré de tous ces baisers, le second baron n’avait pas remarqué que parmi ses prétendants se trouvait un bœuf fringant.
Nez à naseau et bouche à museau, le voilà qui bécote le bestiau.
L’animal rougit, Anatole aussi, et couvert de honte, il s’enfuit.
Pépin la tresse, face à cette détresse, dit avec sagesse : « Voyons ! Quelle est donc cette compétition ? Que faites-vous de l’union ? »
Allons ! Venez vous rassembler.
D’abord ce sera un village, puis une cité, il y aura une église, puis un clocher. Vous y mettrez des brebis, et puis un berger, sans oublier l’amour et les bœufs musqués.
Ensemble nous la bâtirons, et tous l’habiterons.
Nous l’appellerons de ce nom, “Baron”.