ALICE BLEYS
Loupes
Poème co-écrit avec mon amie Florine dans le cadre de notre projet "itinéraire poétique"
Là, au coin de la grande cheminée était disposée une jolie boule à neige même si c’était l’été.
Les rayons du soleil venaient souvent la chatouiller,
galante taquinerie dont elle ne pouvait se passer.
Pourtant la petite ville confinée vit invariablement la même saison emmitouflée dans d’épais blousons.
Toute de verre vêtue, et de porcelaine chaussée, elle hébergeait des maisons biscornues, et des flocons fatigués.
Malheureusement, le minuscule monde était bien fragile. Il ne pouvait se fier qu’aux mains les plus habiles.
Seulement, aujourd’hui, ce furent de petites mains potelées, qui d’une maladresse juvénile vinrent la manipuler.
Le globe fut observé, tourné et retourné, puis il glissa entre ces doigts empotés.
Ces derniers s’excusèrent, mais la carcasse gisait déjà par terre.
Habitants à l’envers, panneau par terre,
la ville de Loupes tombait en poussière
Carnaval du drame, hémorragie cristalline, aux confettis de verre et flaques de glycérine.
Mais si l’on regarde à la loupe ces vestiges enneigés, on peut apercevoir de joyeuses figurines s’en échapper.
Et parmi les débris vous les verrez danser, ils chantent l’avenir et crient la liberté.
Car parfois c’est en quittant sa bulle, même si l’on se sent minuscule, ou ridicule, que notre vie bascule.